mercredi 25 mars 2015

FRANZ ROSENZWEIG ‚ STERN DER ERLÖSUNG





FRANZ ROSENZWEIG ‚ STERN DER ERLÖSUNG

Extrait de la Synthèse de la Journée d’étude (Freiburg -Allemagne) du 01 décembre 2011, sur : « FRANZ ROSENZWEIGS ‚ STERN DER ERLÖSUNG‘ UND DIE SCHELLINGSCHE SPÄTPHILOSOPHIE. Universität Freiburg, établi par Riyad Dookhy, publié par le Centre de recherches en philosophie allemande et contemporaine, CRPAC) :



La séance s’ouvrait d'une « entre-lecture » sur les « Âges du monde » et l’ « Étoile de la Rédemption » …
Luciano Mattuella prenait comme point de départ la notion de la note bleue en musique (notes musicales dissonantes qui échapperaient plus ou moins à l’ensemble d’une composition musicale et qui met en jeu, par analogie, la question philosophique de la « totalité » et de l' «altérité ».
Chez Hegel l’histoire devient comme un mouvement nécessaire, comme un récit dont la fin est déjà présente dans le commencement. On peut remarquer toujours la ressemblance du monde à une machine qui, à chaque fois, à chaque génération des hommes, marche vers la perfectibilité du « système ». Le monde devient comme une machine et l’histoire comme le fonctionnement de cette machine : voilà une image qui, malgré sa simplification extrême, nous aide à comprendre la pensée de Hegel sur l’histoire.

Le but de l’histoire chez Hegel est justement de faire que toutes les notes bleues soient englobées par la mélodie. Ici, il n’existe pas de déformation, pas de contingence. Schelling, par contre, ne pense pas l’histoire comme un récit vers une finalité quelconque. Dans la leçon X du livre Introduction à la Philosophie de la Mythologie, Schelling nous présente une histoire humaine où chaque époque a sa propre essence, où elle n’est pas liée par la nécessité d’un temps précédent.
C’est ainsi que pour Schelling : “il n’y a pas vraiment succession de temps”. D’où on peut bien voir la différence de conception de l’histoire chez Schelling et chez Hegel. Pour Schelling, le temps tire sa consistance des traces de la contingence. Ce qui fait histoire, c’est la contingence – et la nécessité reste comme fond. Cette différence apparaît de façon plus évidente dans cette citation d’Hegel : “Le changement abstrait, en général, qui opère dans l’histoire a déjà, depuis longtemps et de manière générale, été saisi de telle sorte qu’il comporte un progrès vers le mieux, vers le plus parfait”.






C’est chez Franz Rosenzweig qu’on rencontrera la plus poignante critique à l’encontre de la position hégélienne de penser l’histoire des hommes. Pour l'auteur de L’Étoile de la Rédemption, la notion de progrès - si importante dans la philosophie de Hegel – a un prix trop grand : l'effacement de l’histoire de chaque homme, l’histoire d’une vie intime et personnel. Le propre de l’abstraction extrême est justement l’oubli des récits individuels. Dans un monde-machine où le monde du système aura finalement touché à son accomplissement, la subjectivité devient un engrenage.
Or, Rosenzweig comprend l’homme justement comme la note bleue : comme une sorte d’un en plus du système, ou par ses propres mots : “L’homme, dans la simple unicité de son être propre, de son être étable sur son nom et son prénom, sortait du Tout de la philosophie”. Cela veut dire que le « tout le monde » ne peut être épuisé par le concept. Il y a un au-delà de la pensée, un au-delà qui est la maison de l’unicité de l’homme. L’existence individuelle et irréductible de chaque homme dans le monde ajoute à ce monde une autre dimension.
Pour Rosenzweig, chaque homme est une possibilité nouvelle de commencement d’une histoire, et devient l'espérance d’une sortie de la logique du système. L’homme qui parle, qui a un nom propre, est déjà traversé par la Révélation, par cette dimension qui brise l’abstraction ennuyeuse d’un monde donné comme produit de la pensée. Le particulier s’oppose à l’universel dans la mesure où il est toujours ravissement - un aujourd’hui ouvert à la nouveauté, un maintenant qui n’est jamais seulement la conséquence d’un temps passé. Le contingent qui ne passe pas par la pensée, reste toujours un contingent. Il n’est pas englobé par la nécessité caractéristique du système. 

La Révélation est justement cette dimension qui donne au monde son aspect de nouveauté. À chaque homme, son propre temps : « Ce qui possède un nom propre ne peut plus être chose ni la chose de tout le monde ; il est incapable de se dissoudre entièrement dans le genre, car il n’y a pas de genre auquel il puisse appartenir ; il est son propre genre. Et il n’a plus son lieu dans le monde, ou son moment dans le devenir ; au contraire, son ici et maintenant, il les transporte avec lui ; là où il se tient, il y a un centre, et là où il ouvre la bouche, il y a un commencement ». La parole est alors comme un commencement, comme la manifestation de l’unicité du temps de chaque homme.
[...]
Riyad Dookhy




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire