mardi 24 mars 2015

Les mouvements confisqués par l’histoire : les rêves mauriciens





Les mouvements confisqués par l’histoire : les rêves mauriciens

… mai 75 (et la suite d’un juin 75) : n’étaient-ce des pages du calendrier mauricien … ! Notre génération ne le connait pas – nous ne l’avons pas vécu - ou plutôt, nous « croyons » plus ou moins le connaître. Le soir de la veille, c’était aussi Mai 68. C'était le temps des événements, peut-être de grands événements. Pourtant on soupçonne l’enjeu mauricien, déjà dans ce qu’il s’est, bon gré mal gré, imposé par la suite comme le pâle reflet structurant de notre pensée du système éducatif, vite recouvert en raison de quelques avancées …

La tragédie : il n’est plus possible de prendre la mesure des événements aujourd’hui, de tels événements qui prendraient racine de la rupture et du refus du déterminisme mauricien. Ce qui s’était joué c’était l’expression immanente d’un accès et d’un cri d’un peuple. Celui-ci, semble-t-il, aurait bien perdu la bataille (hélas) contre une prise en charge volontariste de son destin. Mais hier encore, il rêvait de se faire « résolument soi ».

L’Esprit mauricien serait-il lui-même devenu pâle et timbré ? Paradoxalement, il semble souffrir ni de fièvre ni de douleur qui se dit comme telles. Les maux véritables ne seraient pas encore écrits, - le pourraient-ils ?

C’est bien, pour l’histoire, pour les archives poussiéreuses que beaucoup tenteront d’effacer, qu’il faut rappeler que l’esprit mauricien a su souffler et a connu par moments le visage de sa résolution d'être. Hier encore, on pouvait sans doute être un grand peuple face à un événement. Aujourd'hui, c’est face aux grands événements que peut-être nous devenons un « petit » peuple.

Kant ne disait-il pas, si le peuple français ait pu réaliser la « révolution » pour atteindre la liberté du collectif, encore faut-il pouvoir « penser » l’événement. Si ce fut un des premiers moments libérateurs de l’histoire, pour que l’homme soit debout dans son intégrité, qu’il puisse à lui seul contempler le ciel et les étoiles, ce n’était pas le mot de la fin. Ce fut un acte de bravoure, celui d’abord de révoquer, même si c’était malheureusement par la décapitation, un Roi, dit souverain divin, sur terre. Bien d’autres peuples n’ont pu dire non à un souverain (roi ou reine, fussent-ils le centre d’un Empire). Bien des peuples qui ont le vent en poupe doivent se poser la question de leur libération véritable.

… et le modèle conservateur qui nous gouverne à Maurice provient de ce pli de l’histoire de ces peuples qui n’ont su (de divers coins du monde) souffler leur liberté.

L’homme à venir que l’histoire a promis c’est un homme capable d’être debout à l’encontre de tout conservatisme, de tout historicisme et de tout culturalisme – pour réaliser une égalité au moins de principe, C’est ainsi le sens de la « révolution », pour des peuples qui en ont été dignes. Ils sont bien peu …

… Maurice en faisait-elle partie ?

Riyad Dookhy (Dr).



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