Les mouvements confisqués par l’histoire : les rêves
mauriciens
… mai 75 (et la suite d’un juin 75) : n’étaient-ce des pages
du calendrier mauricien … ! Notre génération ne le connait pas – nous ne
l’avons pas vécu - ou plutôt, nous « croyons » plus ou moins le connaître. Le
soir de la veille, c’était aussi Mai 68. C'était le temps des événements,
peut-être de grands événements. Pourtant on soupçonne l’enjeu mauricien, déjà
dans ce qu’il s’est, bon gré mal gré, imposé par la suite comme le pâle reflet
structurant de notre pensée du système éducatif, vite recouvert en raison de
quelques avancées …
La tragédie : il n’est plus possible de prendre la mesure
des événements aujourd’hui, de tels événements qui prendraient racine de la
rupture et du refus du déterminisme mauricien. Ce qui s’était joué c’était
l’expression immanente d’un accès et d’un cri d’un peuple. Celui-ci,
semble-t-il, aurait bien perdu la bataille (hélas) contre une prise en charge
volontariste de son destin. Mais hier encore, il rêvait de se faire «
résolument soi ».
L’Esprit mauricien serait-il lui-même devenu pâle et timbré
? Paradoxalement, il semble souffrir ni de fièvre ni de douleur qui se dit
comme telles. Les maux véritables ne seraient pas encore écrits, - le
pourraient-ils ?
C’est bien, pour l’histoire, pour les archives poussiéreuses
que beaucoup tenteront d’effacer, qu’il faut rappeler que l’esprit mauricien a
su souffler et a connu par moments le visage de sa résolution d'être. Hier
encore, on pouvait sans doute être un grand peuple face à un événement.
Aujourd'hui, c’est face aux grands événements que peut-être nous devenons un «
petit » peuple.
Kant ne disait-il pas, si le peuple français ait pu réaliser
la « révolution » pour atteindre la liberté du collectif, encore faut-il
pouvoir « penser » l’événement. Si ce fut un des premiers moments libérateurs
de l’histoire, pour que l’homme soit debout dans son intégrité, qu’il puisse à
lui seul contempler le ciel et les étoiles, ce n’était pas le mot de la fin. Ce
fut un acte de bravoure, celui d’abord de révoquer, même si c’était
malheureusement par la décapitation, un Roi, dit souverain divin, sur terre.
Bien d’autres peuples n’ont pu dire non à un souverain (roi ou reine,
fussent-ils le centre d’un Empire). Bien des peuples qui ont le vent en poupe
doivent se poser la question de leur libération véritable.
… et le modèle conservateur qui nous gouverne à Maurice
provient de ce pli de l’histoire de ces peuples qui n’ont su (de divers coins
du monde) souffler leur liberté.
L’homme à venir que l’histoire a promis c’est un homme
capable d’être debout à l’encontre de tout conservatisme, de tout historicisme
et de tout culturalisme – pour réaliser une égalité au moins de principe, C’est
ainsi le sens de la « révolution », pour des peuples qui en ont été dignes. Ils
sont bien peu …
… Maurice en faisait-elle partie ?
Riyad Dookhy (Dr).
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