mardi 24 mars 2015

Le rappel de Sadek Ruhmaly









Le rappel de Sadek RUHMALY




Si je me permets de faire quelques commentaires des écrits de notre ami Sadek Ruhmaly, et notamment de son « Âme voilée », c’est pour tenter d’exprimer son intuition profonde. Au-delà du style, je voudrais souligner ce qui s’est réalisé comme une « intuition » et comme celle qui tente de nous « dire » quelque chose.

Du fait que Sadek Ruhmaly part d’une intuition, il n’est pas question d’argumenter sur son bien-fondé ou non. Il s’agit ici de reconnaître la bravoure de l’intuition, que chacun appréciera favorablement ou non. Il s’agit de reconnaître la bravoure de l’encre de toute personne qui le porte, à Maurice ou ailleurs.

La lecture de « l'âme voilée » voudrait nous projeter, comme je le ressens, devant une écriture qui porte l’inflexible. C’est celle même de la nature. Celle-ci se projetterait fatalement, presque inhumainement, s’enrobant et se voilant de cette fatalité. C’est celle du devenir qui écraserait et qui consumerait impitoyablement. Elle laisserait, par moments de répit, respirer, au sein des espaces de lucidité d'un « océan de bien être », telle une respiration qui ne s’animerait qu’à la fin en ce beau paysage mais qui est quelque peu troublée d’une passivité tranquille.


La nature nous renverrait ce signal fort d'une implacabilité, mais nous révélerait aussi ce désir de quelque chose d’autre. L’écriture de Sadek Ruhmaly insiste sur cette tension, d'où la tranquille respiration qu’on devine par répit. Derrière la beauté du papillon, devine-t-on aussi la chenille consumée, telle l’ombre et la lumière, lieu de rencontre des métamorphoses, qui fait du « festin » un destin, lieu aussi d'un regard entre les « Âmes », rencontre possible de toutes les créatures.

L’homme qui n'est pas « dit », qui n'est pas présent, mais dont on entend faiblement la respiration au sein même de cette écriture, cet homme dont l’âme également cherche à se métamorphoser, ne dit mot. Ou peut-être c’est bien lui qui nous parle et qui avait déjà haussé le ton.

Or dans la recherche de la métamorphose se cache un désir, ou alors celui-ci s'y donne en miroir. C'est que « l’Âme » et « l’Esprit » (on n’en sait pas plus) cherchent également à s’envoler hors de leur « voile », vers des hauteurs célestes. On est dans une nature, qui est, en même temps, celle à partir de laquelle on prend ses distances, un destin biologique et en même temps, un nuage qui s’envole.


Ce moment simple n'est pas pour autant une compréhension du bonheur, mais en même temps comme si s’y tient un bonheur. Ce désir de s’envoler au-delà de son voile est comme de l'ordre même d'une biologie innée, qui nous conduise vers un destin fatal, où l’on est consumé par lui-même. Le devenir n'est pas le vécu, si ce n'est que le vécu cache le devenir.
Certes, derrière son écriture, on devine l'homme qui voudrait qu’on respire un « poète en nous ».

Riyad Dookhy










Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire