Les cérémonies du Jour J le 6 juin, et notamment celle de
2014 à Ouistreham (France), rassemblant les puissances de l’après-guerre, nous
frappent nous « aussi » comme les héritiers de cette guerre. Y est célébré ce
qui peut constituer la fierté de l’homme. Elles répondent avant tout à un
devoir de mémoire et de sa transmission.
Cette guerre a engagé des soldats de sols divers (d’Afrique,
y compris d’Afrique du Nord, d’Asie, d’Orient, d’autres parties de l’Europe de
l’Est, … de Maurice et d’autres encore), mais dont, hélas, les dénominations
sont tues. Ils sont en réalité les tombés de l’après-guerre, de l’armistice,
car beaucoup y ont laissé leurs vies tout en faisant preuve d’autant de
bravoure, de sacrifice, de courage et de lutte humaniste pour la liberté et
l’égalité de tous, à l’instar de ceux, non des moindres, des héros présents.
Beaucoup ont escarpé sans hésiter, mais sans retour, les plages de Normandie
devant la salve des feux ennemis omniprésents.
Sont-ils pour autant égaux dans la mort ? Les cérémonies
n’échappent pas toujours à ce sentiment qu’elles hésitent quelque peu sur leur
droit de mémoire, pauvre en une représentation plurielle, voire en des «
visages » pluriels. Devant ce qui apparaît comme un manquement ou une réticence
des divers organisateurs qui ont tenté d’exprimer une conscience restreinte des
puissances étatiques, notamment française, britannique, américaine et russe, on
pourra s'interroger sur le manque apparent d’intérêts d’intégrer la conscience
de l'humanité plurielle. C’est cette même conscience qui avait participé à la
grande guerre, il y avait tout juste ... quelques décennies.
Il nous reste « nous » (chacun s’y verra, car nous y sommes
tous …, comme héritiers d’une plus grande conscience de l'humanité) pour nous
faire les chantres de leurs noms, de leur héroïsme … Ne lésinons donc pas
devant un appel d’un droit de mémoire.
À tous ceux qui sont tombés dans cette guerre, mais à ceux
aussi qui sont ignorés (de sols divers), ô vous dont les noms ne se disent
plus, et dont la mémoire s'efface, sachez que vous êtes égaux devant et dans la
mort, et que votre droit de mémoire s’impose à nous comme à tout autre soldat.
Ce ne sont pas de soldats inconnus dont il est question, mais bien de soldats
connus. Jouons l’heure d’après de la cérémonie du 6 juin, sur une plage plus
large, celle qui visiblement n'était pas visitée par les organisateurs. Que vos
âmes reposent en paix, et que la parole des morts interpelle toujours les
vivants dans les défis que notre génération est appelée à relever … et surtout
à ceux qui ont témoigné, pour notre gloire à tous, de lourds sacrifices (car
tout sacrifice est le fait de rendre ‘sacer’, c'est-à-dire ‘sacré’). …
Riyad DOOKHY
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